Bassano |
Finnegan's Ferry |
"Lorsque, le 6 avril 19..., je vis pour la première fois la concession que m'avait octroyée le gouvernement du Dominion canadien, j'avoue que j'eus un bref instant d'irrésolution. C'étaient, au sein de l'immense Prairie dénudée et presque plate, à quarante milles de la voie ferrée la plus rapprochée, deux grands carrés de terre vierge criblés de hideux 'brûlés' et semés sur toute leur étendue de nombreux cailloux que dissimulait mal le court foin sur pied de cette région semi-aride du sud de l'Alberta. Pas un être humain en vue ; seules trois ou quatre cabanes de planches, quelques autres de troncs grossièrement équarris, et une dizaine de huttes de tourbe très espacées et aux abords desquelles erraient impunément de petites troupes de chevaux de ranch, paraissaient témoigner de la présence de l'homme dans cette région désolée." ( 1928, p.9-10).
Malheureusement, nous n'avons pas pu identifier les deux carrés en question car il nous manque la donnée des carrés, précisément (découpage de la section).
Ceci-étant, c'est peut-être la première fois que le récit de Borel se trouvait sur les lieux qui ont inspiré son auteur, futur ingénieur agronome, à relater son aventure canadienne. L'idée n'était pas de singer les lecteurs de la Nouvelle Héloïse au XVIIIe siècle, qui arpentaient, le roman à la main, les lieux décrits par Rousseau, mais d'apporter sur les lieux qui ont présidé à son écriture, ce récit découvert par hasard, non pas dans une malle, mais chez un bouquiniste blésois alors que je revenais tout juste de mon premier séjour en Alberta. La coïncidence était amusante. Le livre m'a suivi lors de mon retour dans cette province. Quelques années et quatre articles plus tard, Les Croquis du Far-West canadien se sont posés un instant sur le "court foin sur pied de cette région semi-aride".
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